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Le dégradé est mort, vive le dégradé !

Le dégradé est mort, vive le dégradé !

Chez Agence’O, on peut dire que nous avons une réelle Histoire avec le dégradé ! Il y a encore quelques minces années, comme tout un chacun, nous criions au drame en en apercevant un, subsistant dans les communications de nos clients.

Alors qu’aujourd’hui, nous sommes les premiers à les désirer, les travailler, et surtout les revendiquer comme système graphique HAUTEMENT CONTEMPORAIN. Nous ne sommes pas les seuls et certainement pas les premiers à retourner notre veste de la sorte.

Le dégradé est mort, vive le dégradé !
Retour en image sur cette bête (tout sauf) noire, qui nous a rendu chèvre…

Un peu d’histoire

Le “bon goût” des 90’s

Si vous étiez déjà un adepte des ordinateurs dans les années 1990, il y a de fortes chances que vous ayez croisé la route des fameux WordArts, premiers logotypes typographiques digitaux en dégradé (si l’on puis dire)

Disponible via Microsoft Word, cette fonctionnalité de modification de texte est principalement caractérisée par ses effets 3D et son panel de dégradés colorés (le fameux “gradient” pour les plus anglophones d’entre nous). Bien qu’extrêmement populaire à l’époque, on s’accordera pour dire que dans cet univers haut en couleurs, le “bon goût” n’a pas sa place…

Rapidement adopté sur les pages de garde des exposés et autres documents de présentation pour apporter une touche “pop”, le WordArt illustre parfaitement l’engouement pour les dégradés de couleurs dans les 90’s.

Wordart

À cette période tout est permis, on retrouve les dégradés linéaires les plus excentriques dans de nombreux habillages graphiques, des logos, des génériques d’émissions télé, des artworks ou des jeux vidéos. Du bleu vers le rose, du violet au vert, rien n’arrête les designers dans leur quête de modernité, d’identités flashy et saturées à souhait.

Logo Antenne 2 de 1986 à 1987 par Antenne 2 / Logo Canal+ de 1984 à 1995 par Etienne Robial
ATARI Crazy cars 1987
Suede – Coming Up – 1996 / Wham – Music from The Edge of Heaven – 1986 par Peter Saville

Associés au début de l’ère numérique et à la création assistée par ordinateur, les dégradés chatoyants font désormais partie du décor et sont peu à peu délaissés à cause de leur connotation vieillotte, voire ringarde.

Bonjour Internet. Au revoir petit dégradé !

Avec l’explosion d’internet, la multiplication des devices et l’omniprésence des interfaces, le graphisme appliqué au web se développe à vitesse grand V. Il s’oriente alors vers plus de minimalisme pour guider les utilisateurs. C’est à partir de 2010 que l’on voit apparaître le Flat Design axé sur la fonctionnalité et la simplicité. Dans le web-design les mots d’ordre sont aplat de couleur, accessibilité, épure, épure ou encore ÉPURE : le dégradé vit les heures les plus sombres de son histoire…

Mais face à trop de rigidité, voire une certaine “froideur” (avouons-le) dans le design numérique, comment replacer de “l’humain” au cœur de nos créations graphique et ainsi susciter l’émotion ?

Aujourd’hui, l’expérience utilisateur est au centre de toutes les problématiques et engendre la quête d’un design dit “émotionnel”. Pour captiver son public on cherche à toucher sa sensibilité et entretenir une relation particulière avec lui. On parle à ses souvenirs, à son vécu pour y trouver de l’écho / le faire vibrer.

Aujourd’hui cela est rendu possible grâce au progrès des langages et techniques d’intégration qui insufflent un vent nouveau dans la création digitale. Ainsi la recherche d’une empreinte plastique et d’une patte graphique plus éditoriale, davantage assimilé au print, est particulièrement mise en avant ces dernières années dans le design numérique.

On travaille des formes plus organiques, on s’essaye à des rendus aléatoires proposés par les logiciels qui laissent place à l’interprétation, on ajoute des effets de papier découpé ou collé. Numériquement on ajoute du bruit ou du grains volontairement sur les visuels pour ainsi se rapprocher des rendus analogiques. Tout est bon pour retrouver de la sensibilité et de l’émotion.

Le Come-Back

Gradient 2.0

Tapi dans l’ombre depuis quelques temps, le dégradé est enfin prêt à resurgir.

Notre Gradient 2.0 fait son grand retour, il se veut plus contemporain ; on choisit des gammes colorées plus travaillées et inspirées de la nature (coucher de soleil, aurore boréale, profondeur de l’océan…) avec des transitions plus douces.

Par ailleurs le mode d’image RVB permet, au même titre qu’une 5e couleur en impression, de proposer des visuels aux nuances fluos et vibrantes très appréciées dans les applications lifestyle.

En matière d’identité visuelle on garde en tête le dernier logo d’Instagram, un bon exemple du renouveau des transitions colorées progressives. Sorti mi-2016, il est reconnaissable grâce à son background dégradé et son dessin linéaire blanc représentant un appareil photo en défonce. Dans un article publié sur Medium Ian Spalter, le Responsable Design chez Instagram explique :

We wanted to create a look that would represent the community’s full range of expression — past, present, and future. (…) we knew that people loved the rainbow (…) the rainbow is a bridge into the colorful gradient

IAN SPALTER

Désormais nous connaissons le bleu Facebook, le jaune Snapchat et le dégradé Instagram.

Plus récemment (fin 2017), le logo Tinder a troqué son typogramme pour plus de minimalisme. Seule la flamme reste en se parant d’une transition chaude allant du jaune orangé vers le fushia.

Dans la création web plusieurs tendances ressortent, comme l’utilisation du background dégradé multicolore, le travail de formes et d’univers oniriques abstraits, les dégradés “Duo Tone”.

http://elje-group.com/
http://adova-group.com/fr
https://www.spotify.com/fr/
https://www.ducotedechezvous.com
Insymbiosis site web par Phoenix Creative studio

La consécration !

On notera également la démarche créative du projet Baugasm lancé début 2017 par Vasjen Katro, friand de dégradés extravagants alliant formes 2D et 3D. En produisant un visuel par jour pendant 365 jours, il a décidé de poursuivre l’expérience deux années de suite pour 2018.

Le travail du studio Irradié pour le Peacock Society Festival édition 2017 est décliné aussi bien en version numérique qu’imprimée. Il mélange des grilles très géométriques à des formes flottantes dans un large nuancier multicolore. On retrouve une certaine empreinte graphique numérique appliquée pour une campagne d’affichage.

Plus récemment, on se souvient de l’affiche des Nuit blanches 2017 par Manuel Bürger et Pierre Vanni, dans un style résolument rétro jouant sur la symbolique d’un levé de soleil aux aurores après une longue nuit.

Dans le milieu du packaging on retrouve les même teintes acidulées dans différentes gammes de produits. Du textile à la cosmétique en passant par l’industrie agro-alimentaire.

Indigo packaging par Fabula Branding
Blend packaging par Siegenthaler & Co

Et après ?

Dans le graphisme comme dans la mode, tout est un éternel recommencement. Adopté puis délaissé pour être enfin remis au goût du jour sous une autre forme, les dégradés n’ont pas fini de faire parler d’eux. Très présents dans toutes les formes du design, on peut se demander à quelle autre tendance vont-ils finir par laisser leur place, à quoi ressemblera leur prochaine évolution…

Allons-nous encore retourner notre veste sous peine de supprimer par tous les moyens cet article apologétique de la toile dans quelques années ?

L’arrivée de la réalité augmentée et le recours de plus en plus courant aux créations 3D ouvrent de nouvelles perspectives graphiques et offrent un large terrain d’expérimentation pour la suite.

Mais aujourd’hui la seule vraie question qui trotte encore dans nos têtes reste : Pourquoi Photoshop propose toujours, en 2018, le même nuancier dans sa palette de dégradés ?

(Ré) 
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